Dernière récolte

Une ferme dans le Hainaut. Un père wallon, une mère flamande. Dans la baraque, ça gueulait sévère dans une langue, puis dans l’autre. C’est là, dans cette ambiance entre culture de céréales et élevage de bétail, que deux frères ont grandi. Les années passent. L’un est parti. L’autre est resté. Un matin, le père tombe, et dans sa chute, c’est l’équilibre de la ferme qui vacille. On découvre alors, qu’au milieu des champs, existe un désert où se perdent les pères et les fils.

Dernière récolte est un désir brûlant de fiction. L’auteur-metteur en scène montois, Axel Cornil, signe ici une création intime, en creux, qui emprunte juste ce dont il a besoin au documentaire, au cinéma et à la musique, pour raconter. Il y a la cour de la ferme où on joue aux fléchettes, la cuisine sommaire où le café coule à flots, l’appel incessant des bêtes derrière le hangar. Et il y a les histoires de cowboys, celles qu’on s’imagine pour échapper aux factures impayées et au labeur sans fin. Au rythme des saisons, se déplient les paysages et l’histoire d’une famille qui se débat entre ses non-dits, ses hontes et son besoin de tendresse.

Avec son équipe d’interprètes-musiciens, Axel Cornil nous livre un western social, un drame familial sur fond de blues made in Belgium avec son lot d’humour potache et ses souvenirs de campagnes aux relents de houblon et de sauce andalouse.

Je voulais travailler sur la question climatique, celle de l’alimentation et de notre consommation. Et je voulais partir de ceux qui sont en première ligne : l’agriculture et les paysans. Je voulais aussi parler des paysages : comment ils nous façonnent, comment on les emporte avec nous, et comment ils disparaissent. On est ni dans la vision romantique de la permaculture, ni dans celle des très gros exploitants, mais dans celle de la ferme familiale, coincée entre le marteau et l’enclume.

—  Axel Cornil